vendredi 28 septembre 2007

Un petit truc de communication

On se pose souvent la question : mais qu'est ce qu'un bon slogan (en politique ou en markéting)?
Je me propose de vous donner quelques clefs simples pour répondre à cette question.
Il y a 3 règles absolues :
1) Le slogan doit être adapté au support de communication et, évidemment, au produit qu'il porte.
2) Il doit employer une syntaxe simple (les "300 mots de la concierge").
3) Il doit être sémantiquement univoque (dire une chose, et une seule!)
Pourquoi cela? Parce que la communication est le propre de l'Homme, et par conséquent doit satisfaire la loi du moindre effort (pour le récepteur).
Petit exercice, maintenant, pour démontrer ce que je viens de dire. Supposons que vous êtes (comme moi), disons... un peu hésitant dans la langue de Shakespeare! Parfait, pour notre affaire!
Je vous propose donc de traduire mot pour mot les deux slogans suivants et de tester le résultat sur un (une) de vos ami(e)s british ou yankee :
1) DEMAIN TOUT DEVIENT POSSIBLE
2) LA FRANCE PRESIDENTE
Etonnant non?

11 commentaires:

Unknown a dit…

Déjà, "La France présidente" n'est pas écrit en bon français.
Alors, sa traduction vers l'anglais ne peut donner que du chinois :-)

Quentin a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Quentin a dit…

Le véritable slogan de campagne de Nicolas Sarkozy étant "Ensemble, tout devient possible", son équivalent anglo-saxon donnerait vaguement " Together, all becomes possible". Quant à notre néologue nationale, "la France présidente" devient "France for Président!" (oui, avec un point d'exclamation, faut en rajouter chez les américains).
N'ayant pas de yankees sous la main, je vous laisse le soin de faire le test. L'effet est, selon moi, relativement similaire: c'est du mot pour mot...

Jean-Philippe Roy a dit…

Effectivement, cher Michael, vous illustrez par votre propos ce que je voulais dire. Même si l'on emploie une forme syntaxique correcte, mais qu'on joue sur les doubles sens (jeu de mots), on peut paraitre plein d'astuce, brillant, mais on demande un effort au récepteur, donc on ressert la cible à ceux qui en sont supposés capable. Pas terrible pour un dispositif de communication de masse! Alors, que dire quand on essaye sciemment de violer le consensus langagier? Volonté consciente de distinction ou snobisme inconscient?
Cher Quentin,
1)Merci de votre remarque à propos du slogan de Sarko, vous avez raison, je fais amende honorable!
2)Votre traduction du slogan de Ségolène fait disparaitre le jeu sur le genre du mot présidente, et du coup vide une partie du potentiel du message. Ce fameux second niveau qu'il faut chasser!
Par ailleurs votre remarque sur le point d'exclamation me dit que vous n'êtes sans doute pas le bon cobaye (Guinea Pig) pour mon expérience. Vous en savez trop pour que l'expérience fonctionne! Attention K. Popper nous dit qu'il faut tenter l'expérience à l'identique pour voir si la découverte est falsifiable! Autrement dit, dans le dispositif, pour que mon petit jeu fonctionne, il faut absolument "parler anglais comme une vache ibérique"!

Jph. a dit…

Soit-dit en passant, salut Jean-Philippe, je vous signale que vos arguties supposeraient que l'un et l'autre alliez vérifier les bases de la distinction, en français, de "tout" et "tous" et le sens, en anglais, de "all". Si vous tenez vraiment à traduire le slogan umpien (mais qui peut y tenir ?), il va plutôt falloir en passer, pour rester au plus près de la bête, par un "Tomorrow, everything becomes possible".
Je dis ça, je dis rien, je passais juste voir ton blog.

Quentin a dit…

@jph, merci de me faire remarquer mon énormité, il serait bon de me relire de temps en temps (prends note pour les partiels de janvier).

@jproy, de fait, cela me fait une erreur par phrase, la vache ibérique m'apparaît soudain comme une sérieuse concurrente.

etudiant a dit…

En gros vous dites tous que les slogans sont élaborés pour un public passif, dégénéré et completement abruti...Mais dites le bon sang!
LA COMMUNICATION EST ADAPTEE EN FONCTION DE DEGRE DE LETHARGIE DE NOS SEMBLABLES.
voilà, consomme et tais toi. les "pro de la com" nous prennent vraiment pour des vaches à lait. Brouter et rien dire c'est ca ouais.

Jean-Philippe Roy a dit…

Dire que la comm est le propre de l'Homme et donc qu'elle doit répondre à la loi du moindre effort, ne signifie pas que le public est passif. Car quel est le moteur de la création? Précisément le fait de pouvoir agir au moindre au cout physique, psychique ou intellectuel. Sans cette constante, pas de progrès technique, social ou politique! Pour ma part, je pense que ceux que vous appelez les consommateurs passifs sont très créatifs à leur manière. Certes ils fonctionnent dans le système, mais aussi, ils se l'approprient savent le détourner (à leur profit). Le tout est d'assumer ce qu'on est!

amélie a dit…

Heureusement pour toi Etudiant une magnifique émission existait : Arrêt sur Image. Je dis existais pcq Le groupe de télévision de FR a décidé de l'annulée peut être pcq elle génait trop... mais elle survit sur internet!!! als tiens toi au rdv sur leur site avec des sujets décortiqués par notre linguiste préférée :p et bien d'autres choses encore...
http://arretsurimages.net

etudiant a dit…

merci pour l'adresse, je ne la connaissais pas.

Anonyme a dit…

Les slogans de "pure" communication actuelle (j'entend par là de marketing) sont certainement très en rapport avec le public ciblé, de toutes façons. Pour définir une action, il faut bien définir une cible (et la comm est une action si je ne m'abuse...)
L'anglais est une langue fourbe. En effet, elle offre au néophyte ébahi comme moi des subtilités folles. Comme la distinction entre le "everything" et le "anything" ; tous ont utilisé le "everything" pour traduire le slogan sarkozien : "together, everything becomes possible".
Il me semblerait plus juste d'utiliser "anything becomes possible", ce terme ayant une connotation de force un poil supérieure. Quand "everything" signifie "toutes les choses" (littéralement), "anything" apporte une connotation de "tout, et n'importe quoi", un peu plus absolue à mon sens que l'autre terme. C'est certainement dans ce sens que l'équipe de comm de l'UMP a voulu son slogan.
Une autre chose quant au slogan de Royal, il est intraduisible en l'état, l'anglais moderne ne connaissant pas de distinction de genre dans ses adjectifs : "France for president" est la meilleure traduction possible et le jeu de mot, comme dans la plupart des travaux de traduction, passe à la trappe.
Ainsi l'impact sur nos amis d'outre-manche ou d'outre-atlantique serait bien différent. Dès que j'ai un yankee sous la main, je vous donne les résultats de l'expérience...