dimanche 2 décembre 2007

Le MODEM, un précipité alchimique?

Cette fois ci, ça y est, ou presque, la messe est dite, François Bayrou, en grand prêtre vient d'opérer un acte sacré, la création sur les fonds baptismaux médiatiques et militants de sa machine infernale pour conquérir le pouvoir.
Deux éléments peuvent être discutés, dans cet acte indiscutablement politique.
1) Il s'agit bien pour lui de transformer un classique parti de cadres, d'élus, en parti d'électeurs, donc où la force militante l'emporte sur le réseau d'élus. Il s'agit clairement de sa stratégie, il l'a dit, et, d'ailleurs les élus habituels de l'UDF l'ont entendu, en quittant le navire en vagues successives. Là, au moins, sur ce point, les choses sont claires, le MODEM est un parti de militants (40000 environs suivant les estimations les plus raisonnables, ce qui est une base honorable), et une machine conçue pour porter un leader clairement identifié vers l'échéance suprême : la présidence de la République. En contrepoint, l'avatar "Nouveau Centre", construit à la hâte, par les députés UDF sortants en mai - juin dernier, semble difficilement assimilable à un parti politique, du moins pour l'instant. Il s'agit plutôt d'un simple réseau d'élus, sans leadership crédible.
Partant de cette réalité, de nombreuses questions se posent : F. Bayrou pourra t - il tenir longtemps dans sa "tour d'ivoire centrale", face à la fameuse boussole gauche - droite, qui reste le GPS politique inconscient des français, l'électeur pourra t - il trouver le chemin de l'urne pour aller déposer un éventuel bulletin de vote Bayrou ? Les quatre ans à venir vont nous l'apprendre. Mais une chose est sûre, le recensement des accords locaux avec la gauche et la droite dans le cadre des municipales permettront d'apprécier si le vocable "démocrate" du label est assimilable à celui du parti éponyme aux USA. Et là, un tout autre sens se dévoile, l'ambition de croitre sur l'hypothèse d'un PS en crise grave, longue et désespérée. A suivre....
2) L'autre remarque concerne plus les problématiques classiques de la science politique face au phénomène partisan. La classique catégorisation de Maurice Duverger (parti de masse, parti de cadres, parti d'électeur) a encore de beaux jours devant elle, et le cas du Modem nous apporte une information essentielle, la transmutation d'un parti de cadre en parti d'électeur doit se faire sur le deuil de l'ancien système, aucun continuité n'est possible, et les déclarations empruntes d'un registre presque psychanalytique des anciens compagnons de F. Bayrou témoignent de la réalité de cette rupture incontournable.
Au delà des stratégies et des luttes, la politique est aussi une affaire d'Hommes, et pour cela la lecture de Shakespeare est une source fertile d'inspiration.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Vive la rupture camarade !