samedi 20 octobre 2007

Fallait - il que j'en parle ?

Pour reprendre une expression qui donna naguère son titre à une célèbre émission du samedi soir : tout le monde en parle !
De quoi me direz - vous ? Du divorce de Cécilia et Nicolas Sarkozy bien sûr.
Ce "concert" de commentaires laisse pantois, voire interdit car il s'agit d'abord, évidemment, d'une affaire intime, et plus, de ce lieu humainement sacré que devrait être l'intimité d'un couple. Mais voila, ce n'est ni de vous ni de moi, pauvres hères que nous sommes, mais du couple du Gouvernant (avec un grand G, insistons, si je puis dire sur ce point) qu'il s'agit!
Cette furie analytique, pour suspecte qu'elle soit, n'en révèle pas moins, me semble t - il, une face particulière du lien mystérieux qui unit le gouvernant aux gouvernés : une affaire (plus ou moins inconsciente) de corps et de désir.
Je tiens, en effet, pour vrai, qu'un très vieux stéréotype, anthropologique, gouverne encore aujourd'hui cet étrange rapport. Il me semble d'abord que pour trouver les ressources permettant de supporter cette épreuve qu'est la lutte pour le pouvoir, il faut, quelque part, s'imaginer comme un objet de désir (et pour le dire clairement de désir sexuel). Du coup, l'acte politique peut alors s'entendre comme un jeu où l'enjeu du corps est central ! L'acteur politique peut alors fantasmer sa conquête comme un assouvissement. Vis - à - vis de ses challengers, il prouve en gagnant sa "virilité" incontestable et vis - à - vis des gouvernés, il se rassure sur sa capacité de séduire.
Certes, mais ces derniers, avec lesquels il entend nouer une "relation particulière", sont à la fois des objets de désir (pour lui), mais aussi des sujets désirant. Et c'est là que commence le problème.
Car je tiens également pour vrai que les inconscients des gouvernés sont aussi structurés par un antique stéréotype : la pulsion cannibale. Autrement dit leur désir du corps du gouvernant est un désir de consommation pour accaparer ainsi la ressource que ce dernier possède en monopole (la coercition légitime).
Du coup, le gouvernant ne peut se sortir de cette ambigüité qu'en sublimant son corps. C'est la méthode classique, éprouvée, sur le modèle du Christ. Le chef va risquer son corps pour sauver la France. Tous les gouvernants ont usé de cela, surtout quand leur référence est particulièrement traditionaliste (au sens discutable du mot): par exemple ce sont les mots de Pétain pour justifier l'armistice et l'instauration du régime de Vichy : "je fais don de ma personne à la France". Dans un registre plus glorieux, Napoléon au pont d'Arcole est à l'avant - garde de ses troupes (même si la réalité historique est, dit - on, un peu éloignée de l'iconographie picturale).
Donc, tout va bien, tant que le gouvernant présente aux gouvernés un corps symbolique que ces derniers peuvent désirer accaparer. Ainsi, les barrières posées lors des déplacements présidentiels se justifient : ils pourront toucher ce corps, s'en sentir renforcés, et le gouvernant, dans l'exercice du bain de foule, réassurer le sentiment qu'il est toujours l'objet de ce désir.
Mais voilà, que se passe t - il lorsque est mise en scène la figure de l'épouse, comme révélatrice d'une sexualité présidentielle officielle assumée, montrée, revendiquée?
Jusqu'à Sarkozy, aucune femme de président n'était clairement mise en scène comme cela. Il s'agissait plus de l'épouse et de la mère que de la femme. Autrement dit, je ne suis pas loin de penser que la mise en scène d'un couple sexuellement amoureux dont l'un des partenaires est gouvernant est proprement insupportable encore aujourd'hui dans le tréfonds de nos inconscients.
Tout cela n'est pas très rassurant pour notre société, mais les mentalités sont ce qui évolue le plus lentement. Et finalement, qui gagne dans ce déferlement d'impudeur médiatique ? Je me demande sérieusement si ce ne sont pas nos fantasmes d'abord : il devient totalement désirable, on peut le plaindre et, ce faisant, on peut croire se l'accaparer enfin complètement.
La perversité est aussi au cœur de nos désirs et surtout de nos désirs politiques, ne l'oublions pas!

Dans un registre différent, je profite de ce post pour dire mon indignation vis - à - vis de l'autorité italienne de régulaton de la publicité. Elle vient d'interdire la campagne réalisée par Toscani, le célèbre publicitaire de Bénetton, sur l'anorexie. En complet contraste avec la tonalité du sujet précédent, je veux dire mon admiration pour cet artiste, car c'en est un, qui a montré que la publicité pouvait faire réfléchir en montrant de manière esthétique la crudité de la vie. Il y a dans ce travail quelque chose de profondément humaniste à mon sens. Et pour finir, je voudrais dire au mannequin qui a posé consciemment pour dénoncer l'horreur de l'anorexie qui marque son corps : vous êtes belle madame habillée du courage de votre nudité.
Honte à une institution qui préfère refouler le courage des créateurs et des êtres humains au nom d'un ordre public qui sent le moisi!

2 commentaires:

Etudiant éco a dit…

Hé bien, je crois qu'en parlant de cela vous êtes tombé dans la machination du pouvoir en place qui préfère parler de relatin "people" plutôt que de décisions importantes.
Cet évenement a été repris dans les médias bien plus que ce qui s'est déroulé à LISBONNE jeudi et vendredi.
On parle plus d'un divorce, que d'un texte Européen qui met à mal la souveraineté de la France.

Réveillez vous, la quasi-totalité du Traité Consitutionnel Européen rejetté le 29 Mai 2005 par 54,7% des français, est reprise dans le Traité de LISBONNE qui passera par voie Parlementaire.
C'est un coup d'Etat dans la République!

Maintenant, il faut que chacun de nous, qui a voté NON, ou qui a voté OUI et qui est pour le respect démocratique, le 29 mai 2005, demande un référendum au Président de La République.
Comment? En signant des pétitions à ce sujet, par exemple celle de Nicolas DUPONT AIGNAN: 16 Millions d'électeurs roulés dans la farine...

Il en va du destin de la France...

Sinon pour l'artiste qui a travaillé pour les campagnes de PUB de BENETTON, je trouve que son geste est fort, et grace à ce genre de campagne (ici sur l'anorexie), il montre à la société cette terrible maladie, et doit faire réfléchir les agences de mannequins...

Jean-Philippe Roy a dit…

Pas de panique, je n'ai pas oublié l'Europe. Rassurez vous, un post "de derrière les fagots" va arriver, mais chut, c'est entre nous...
Pour l'instant, j'attends un tout petit peu pour voir ce que celui là inspire. Vous savez, un blog, c'est un peu comme la bonne cuisine : pour que ce soit bon, il faut laisser cuire longtemps, longtemps....